Journal de correction des Lettres - 2
16.09.13
Il y a brusquement deux fois plus de matière : il faut écrire encore. (Donc corriger encore, modifier l'ordre peut-être, choisir un point où se placer dans l'espace non infini mais restreint tout de même de moi vers R.) Je n'y échapperai pas. Après tout, voilà une autre fin possible, c'est riche ; le choix est déjà fait, je crois, il y a encore à écrire vers R., c'est comme cela.
L'idée qui me lève en sursaut cette nuit est la suivante : soit, jouons au puzzle. Il y a à écrire, écrivons ; mettons tout de côté ; il sera temps d'ordonner à la fin.
Ce n'est pas parce qu'il y a une vraie histoire que je dois renoncer au fragment.
J'ai peur qu'il y ait du plus faible (il y a du plus heureux, déjà, et traiter des joies, c'est s'engager sur un terrain glissant, celui des bons sentiments), tant pis ; écrivons beaucoup, des petits morceaux de fleuves (little streams make great rivers), il sera toujours temps de retrancher ensuite, d'assécher. Les voyageurs, disions-nous, n'ont pas la peau grasse.
Tant pis pour le risque de relancer la machine à faire écrire le réel.
Je me mouche, je fume, et recopie une énième fois le plan magique où, peut-être, tout mon fouillis trouvera sa place. Je rouvre le carnet de route un peu effrayant (le deuxième, celui qui n'est pas rempli).
Octobre, ce seront bien les Lettres.