S.B.S.
Ils disent vrai, ces grands affabulateurs lyriques, les prêtres de la littérature universitaire avec leurs mots clés rebattus, ils disent vraiment vraiment vrai :
il y a une voix dans les textes
- pas seulement un style qui différencie les auteurs, mais une voix qui les tient d'un bout à l'autre, plus ténue encore que le style, moins descriptible encore par des techniques de recherche. La preuve en est ce sentiment de reconnaissance intime, pas pour le propos, pas pour des questions d'idéal non plus, quelque chose qui parle. La femme me touche ; mais le poème me prend, plus loin encore. C'est une voix qui parle très loin en moi. S.B.S. poète, ça me parle.
"Un livre ouvert c'est aussi la nuit.
Je ne sais pas pourquoi, ces mots que je viens de dire me font pleurer."
(M.D., Ecrire)
C'est chaud comme un appel aux tréfonds, ça me prend le poids le pire que je supporte : ça dit à ma place.
J'ai de l'amour pour S.B.S. qui me dévaste en me trouvant.
Je la lis dans la perte,
uniquement dans la voix, pas pour le sens qu'obscurément je connais déjà : pour la voix qui est pourtant bien celle de l'autre, au diapason de celle que j'ai au fond.
Je ne parlerai jamais de voix du texte que pour évoquer cela, c'est la promesse que je me fais, je ne parlerai jamais de voix du texte que là où je la sens (et pour cette raison je n'oserai jamais en parler, trop intimement avivée pour le faire avec justesse et pudeur). Il faudra m'attendre ivre et tendre pour me vouloir faire cette morsure : me demander de parler de la voix - de M.D., de Verlaine, de S.B.S.