Vivisection
Catégorie : Débrouillage
"Je ne dissèque pas ; c'est de la vivisection." (Je voulais dire à A. : le texte que j'étudie n'est pas un objet mort.)
On écorche, ou on ouvre, puis on regarde. L'habitude de chercher ce que les textes ont dans le ventre, d'y mettre les mains jusqu'aux coudes, est difficilement transférable en psychanalyse. J'effleure à peine les ressorts profonds ; il n'y aura pas d'orthodontie pour les dents faussées des rouages, que je ne reconnais pas du bout des doigts.
On parle de psychanalyse sauvage : même minutieuse, parce que je réutilise comme je peux ma méthode, c'est violent et maladroit, je me loupe, je découpe à côté, forcément, je m'épingle de travers.
Oh, et puis je me dis que c'est le fait d'ouvrir, d'ouvrir résolument, qui compte.
(Mais puisque l'image de la vivisection fait aussi partie des signes, je devrais être plus prudente.)
Comme la pensée a du mal à se saisir elle-même. (Ce que je sais sur la difficulté du discours métalittéraire a donc ses racines dans une faillibilité humaine, pas seulement dans le langage ou le mystère de l'objet.)
(Surtout)
Même si c'est un terrain miné, je veux continuer à vous parler de ce que je connais : le ventre, les nourritures.
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