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Retours d'hivers

Je tricote l'immédiat avec deux restes d'enfance : le geste des aiguilles et les restes des pelotes qui servirent à faire des gilets pour mon grand-père. S'y adjoint, entre les mailles, le souvenir d'un compartiment du train pour Lyon où j'achevais à toute vitesse une écharpe à donner, et théorisais in petto l'érotisme du geste. J'aimerais retrouver ce discours maladroit sur le désir. J'aimerais aussi, comme souvent, un bain d'enfance facile et de tout amoureuse, et surtout des mains de ma mère et de ma grand-mère qui sont comme de beaux animaux à sang froid, et douces comme les pétales de ces roses magenta qu'on ramenait depuis la maison de B., et ces mains-là, elles aussi, ont joué à nouer précairement de la laine autour d'aiguilles. Comme je suis bien maladroite, j'aurais voulu tricoter sur le grand canapé mou et que ma grand-mère me gronde pour mon amateurisme, et, sous prétexte de me montrer comment faire ou de rattraper une maille oubliée, fasse d'un trait deux rangs sans ma permission. Je l'aurais gourmandée, et j'aurais été bien heureuse qu'elle y soit pour quelque chose, une fois l'écharpe autour du cou.  



07/10/2013
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