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"Naming is taming"

 

24.10.13

 

" [...] A. disait juste, je ne parle pas de moi, je ne sais pas parler de moi autrement qu'après-coup, je me suis laissée déborder en Russie et depuis plus moyen d'inverser la tendance, c'est l'embâcle perpétuelle, j'ai toujours à dire et plus le bonheur d'y parvenir juste à temps, il y a longtemps que l'écriture ne me recouvre plus tout entière, alors la parole !..."

(septembre 2013)

 

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La parole a rattrapé l'écriture depuis, et de loin. A qui écoute, écoute vraiment, ça y est, je parle. Cette propreté à l'intérieur, c'est peut-être cela déjà : une voix chaude ou des gestes qui disent pouvoir entendre, et qui creusent sans cesse vers le nœud. L'exhumation se fait à tête ouverte (à mon corps défendant), et je ne suturerai plus. 

Le nœud, c'est un point aveugle qui tient en un mot (machine/organique, mort vivante, gâchis, pénible, amour). C'est un kyste - M. G parlant de l'ablatif absolu : "sans antécédent dans le reste de la phrase, autonome, avec des lois propres : c'est comme un kyste". C'est un caillou pris en soi une fois pour toutes, un poids mort, et, ici, imperméable jusqu'au raisonnement. 

Il faut oublier que je fais un bruit de grelot, un beau bruit de grelot fêlé. (Et non, on n'apprivoise pas juste en nommant : quand je nomme, je pleure, je contemple ou, au mieux, je tisse, en fait de raisonnements, de petites toiles abstraites.)

 

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R. me montre l'envers ; me contredit avec des mots ; me reprend sur mes "j'essaie" et me dit : "fais", "travaille". 

R. sait toujours se dire avec justesse. Il a tant l'habitude de sa parole en papier calque que, lorsque tout à coup elle ne convient pas, il rue. Il ne trouve pas de charme à mes difficultés en la matière, et se moque : "Alors je sais que tu dois d'abord ressasser, ruminer, analyser, retourner et digérer avant de dire quelque chose mais là, [démerde-toi]". 

R. est têtu. 

Il attend de voir. Si ce qui sort est un kyste - il le découvre tôt ou tard, et souvent plus tôt que tard -, il me contredit.  Et si la contradiction est maladroite, je ne renâcle pas : j'explique, je raisonne, je traduis, j'étaie, je fais des liens (et c'est justement ce qui manque : des liens de cause à conséquences, des liens d'identité entre le kyste et le corps). Si, au contraire, je parviens à une idée cohérente, il tire son chapeau à la justesse - et, tout de même, pousse plus loin, par principe, par curiosité intellectuelle et vers moi dirigée. Bel accord maïeutique. 

Le fait est que ces bâtons rompus sur à peu près tout portent leurs fruits (avec un peu de recul, le moyen semble assez précaire pour que j'assume cette métaphore). Quand j'y repense par après, le kyste est devenu un gros nœud de ce fameux fil ciré rouge, un nœud bien desserré. 

 

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Je ne renie pas, oh non, le langage du geste - ce revers de la parole. 

(Comme il me tarde...!)

 

 

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L'écriture reste à la traîne. Peut-être attend-t-elle simplement le dénouement, dans tous les sens du terme. 



25/10/2013
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