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Faux détails

A l'inverse des photographies fascinées - celle du regard fixe pris au détail, à la rare couleur et à la ligne - ce sont des photographies d'amour que je me trouve avoir prises, de loin en loin et ce soir. 

 

Savoir que je pars, et sans désaccord aucun, c'est la chance qui ne s'est jamais présentée d'enfin comprendre, endurer le manque et sentir ma tendresse par avant

 

La plaquette que j'achève à demi ce soir - manquent le titre définitif, peut-être, et le courage d'enlever certains poèmes - est comme une prise de congé intermédiaire : aux désirs qui, maintenant, ne sont plus verts et brûlent sans fumée, et à l'indistinction de ma violence. De ce qui reste - et il en reste - il y a fort à faire.

Le geste de la faire lire, même à ses premiers destinataires, vaut pour un don et non comme un adieu ; c'est étrange.  

 

Il faut aussi continuer à se débattre dans, contre ou avec ce corps que j'ai rendu dangereux et qui, pourtant, n'est pas lui-même malade. (Il continue donc à me dire quelque chose, à se refuser mis à l'index - surtout, il s'adresse à vous sans passer par moi ; et ce dédain aussi me fait souffrir.)

 

La mise en voix de cet incipit de l'Amant m'est un désastre. Même le mieux d'aujourd'hui ne change pas mon impression première : au contraire des "Vaincus", par quoi je triomphais, c'est ici ma déroute dans laquelle je m'obstine, et je veux toujours cracher ces phrases-là, les évacuer, et non pas les donner. Je me dis que c'est un cadeau, de la sorte de ceux que je ne fais jamais : faire voir la grande pénibilité de certaines choses, au mépris de ce qu'elles acquièrent alors de pénible pour mes destinataires. Je pense à ces exercices où nous nous laissions tomber depuis un banc, debout, les bras le long du corps, et la chute était rattrapée par quatre bras tendus dans leurs manches de kimonos. De vous je voudrais dire que vous êtes mes partenaires. 

 

D'une manière générale, l'envie de pleurer ne me lâche pas depuis samedi dernier. Tout me dépasse. 

J'ai trop d'amour et je le livre trop. 

Et j'aime, même si cela concourt à mon dépassement, qu'il subsiste aussi, aux Poissons, tant de secret, de mystères que nous ne désirons pas de mettre en pleine lumière. 

 


 

 

DSC_0002.JPG

L. M.

La scène de Voix, septembre 2009 - à gauche, la Plante ;

au fond, notre bibliothèque improvisée ; partout, notre

place. 



25/01/2014
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