Suite au Soupçon
14.04.13
"Les mots du mythe naissent sans qu'elle les ressente en plein, comme s'ils n'avaient pour cela pas besoin d'elle, de son consentement pour la formulation des choses ; elle refuse de les écrire. C'est un long poème qui se crée et disparaît aussitôt, un vertige pour parler de vertige. Un réflexe vague lui fait repousser l'anéantissement dans cette voix du poème, où la réalité entière serait soluble. Sa manière de le tenir à distance est à peine plus réfléchie. Et lorsqu'elle y pense, il est bon qu'elle fasse ainsi, de la manière qui la sauve de tous périls incommensurables et qui préserve sur les choses la fraîcheur. Parce que c'était fête, elle a sauvé deux vers de la bascule pour l'oubli :
La nuit interdite je
lui défends d'embaumer les hibiscus sont pâles
Assise sur le trottoir, elle voulait dire : il ne manque qu'une poussée pour que se créent dans la ville de vrais chemins à moi, à parcourir vingt fois qui en sembleraient mille – des chemins que je pleurerais au moment de les quitter, plus que je ne pleure les personnes et plus que je ne le pleurerai lui, et que je marcherais des années en rêve comme des chemins de croix. Mais rien ne se produit, qu'un léger passage, du creux de la vague où on nage à un brisant plus malcommode."
(Le Soupçon, août 2012)
La nuit se prononce maintenant
celle où les hibiscus blêmissaient d'attendre
*
Mon ventre roule sur lui-même
autre chose que cette pierre commune
si je n'en rêve plus
que la surface lisse
*
A la sauvette
tu t'écris
au velours
*
J'avais fait ma place dans ta méfiance
comme aujourd'hui dans
l'intérieur
*
Le rêve sans voix répète
tes dents longues d'animal blond
je réponds dans ce langage fauve de ta ressemblance
*
Il existe un endroit où les hibiscus
cessent leur hiver
et où la joie se chante seule et sans ton accord
*
Tu racontais l'histoire d'un zèbre aux rayures horizontales
J'étais l'orchidée mauve comme un cerne
dormant tout à coup
du sommeil distant de l'orchidée mauve
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